Monténégro #3 - Žabljak, Tara, Ćurevac

Troisième étape : 81 km. Au total : 240 km.

Le canyon de la Tara

Le lendemain, nous nous sommes levés tôt pour retrouver un chauffeur de Leković Rafting au centre-ville de Žabljak à 9h15. Au programme : Deux heures de rafting sur la rivière Tara, avec quelques arrêts et activités sur le trajet. Après avoir attendu un couple d'australiens, nous nous sommes dirigés vers le centre de rafting.

Le bateau qui nous a précédé, avec l'eau presque transparente.

Notre guide sur bateau s'appelait Momo - ou Omo, je n'ai pas bien compris son nom. Il a servi dans l'armée serbe, si bien que ses collègues le surnomment tous "Général". Il baragouinait trois ou quatre mots d'anglais, ce qui rendait la communication amusante ; grosso modo, ça se limitait à "all", "left" and "right" pour savoir de quel côté pagayer. Heureusement, un Australien était présent avec nous, et il s'avère qu'il était parfaitement bilingue en Croate. Il nous a servi d'interprète quand le Général nous racontait des anecdotes sur la Tara.

La cascade de la rivière Ljutica.

Nous nous sommes arrêtés une première fois pour voir une mini-cascade, sur la petite rivière nommé Ljutica. Selon le Général, il s'agit de la plus petite rivière d'Europe (inscrite au Guinness World Record) pour 147 mètres, avec le plus gros débit d'eau (1000 litres par seconde). Wikipédia ne semble pas confirmer ce record, mais passons ! L'eau était à 7°C... Heureusement que je ne m'y suis pas baigné. La rivière Tara, sur laquelle nous faisons le rafting, était elle à 12°C (pour un maximum de 15°C l'été). Alors oui, c'est plus chaud, mais on ne sent pas réellement la différence.

Le second arrêt, justement, était pour se baigner. En raison de la température, nous avions une combinaison (courte), ainsi qu'un gilet de sauvetage et un casque pour la sécurité. Ici, il y avait un rocher à environ cinq mètres depuis lequel pouvions sauter dans la rivière. Avec l'appréhension de la hauteur et la température de l'eau, c'était un sacré challenge :) L'entrée dans l'eau faisait l'effet d'une claque, et m'a coupé la respiration, tant la différence de température avec dehors était grande.

Le rafting était en lui-même assez mou, car la rivière est très basse en cette saison. C'était une bonne découverte de l'activité, je suis prêt à essayer la version sportive sur d'autres rivières plus tard. En deux heures, malgré quelques passages légèrement rapides, nous avons surtout passé notre temps à ramer, nous laisser porte, et écouter notre cher Général - via l'interprète australien - nous conter des histoires sur la Tara, ses espèces animales et végétales, ainsi que sur le pont - le Đurđevića Tara Bridge, dont le nom signifie (selon lui) "pont au dessus de la rivière Tara". Une anecdote effrayante sur ce pont est qu'il n'y a eu "qu'un seul mort" dans les ouvriers pendant sa construction, alors qu'à l'époque, c'était tellement courant que les vies des ouvriers faisait partie du budget, et qu'ils s'attendaient à perdre beaucoup plus d'ouvriers... Le pont a été construit sans aucune machine, en 1940, et a servi de lieu de tournage à plusieurs productions.

Le pont de la Tara.

À la fin, nous avons été emmenés en minibus jusqu'au fameux pont de la Tara, pour expérimenter la tyrolienne de Red Rock Zipline, qui traverse le canyon en longeant le pont d'un côté à l'autre (350 mètres, environ 50 km/h au maximum). C'est loin d'être la plus impressionnante que j'ai faite, mais elle a son charme ! Comptez 10€ pour une descente. Limités par le temps, nous n'avons pas pu tester celle du concurrent Extreme Zipline Tara, qui fait elle 1,05 km de long, pour une vitesse jusqu'à 120 km/h.

Les souvenirs

La région est connue pour son miel. Nous n'avons pas voulu en acheter au niveau du pont de la Tara, car les stands faisaient vraiment attrape-touristes. Nous avons préféré aller dans une petite cabane au bord de la route, près de notre logement. Nous avons fait la découverte d'une femme qui ne parlait pas un mot d'anglais (et pour rappel, nous ne parlons pas un mot de monténégrin, mis à part "oui", "non" et "merci"). Elle semblait avoir la technique que certaines personnes utilisent en France, en présence d'un étranger non francophone : parler plus lentement, plus fort et en articulant. Breaking news : c'est inutile ! Autant avec l'espagnol ou l'italien, nous partageons les mêmes racines latines qui nous permettent de deviner plus ou moins ce qu'il se dit ; c'est impossible avec les langues des balkans. Cela a donné lieu à une situation cocasse, entre nous expliquant ce que nous étions venus chercher, et elle tentant de nous présenter ses marchandises.

À grand renfort de gestes, elle nous a fait goûter différents miels, en tentant de nous faire comprendre leur composition. Mention spéciale à un miel presque noir, qui vient visiblement du sapin (Elle a désigné un magnet sur le mur avec des sapins, puis le flacon de miel). Une fois le miel passé, elle a insisté pour nous faire goûter quelques liqueurs locales - et nous sommes repartis avec deux petites bouteilles. Elle était extrêmement sympathique, mais je la soupçonne d'avoir voulu nous faire goûter à son vin fruité et à ses liqueurs pour nous amadouer et nous faire acheter encore plus de choses ; mais c'est le jeu :)

Je n'ai aucune idée de si les bouteilles passeront la douane : tout semble artisanal, il n'y a aucune étiquette, aussi bien sur le miel que sur l'alcool. À mes précédents voyages, au Costa Rica et au Canada, j'avais des sérieux doutes sur la provenance des souvenirs : la plupart étaient faits en Chine, ou au mieux, dans une usine locale, à la chaîne. Ici, j'ai très peu de doute sur l'authenticité de mes achats.

Le sommet de Ćurevac, en haut de la montagne du Durmitor.

Le sommet de Ćurevac

Pour terminer cette journée bien remplie, nous sommes partis voir l'immanquable point de vue du sommet de Ćurevac, pour voir le coucher de soleil. Ce sommet offre une vue à 360° sur les montagnes et vallées environnantes : c'est sublime ! Il y a deux façons d'y accéder : en suivant les panneaux pour arriver au parking officiel, et il faudra s'acquitter d'un droit d'entrée de 3€ par tête (entre 9h et 17h). Sans le savoir, nous avons évité le parking et avons suivi un chemin repéré sur Google Maps.

Le chemin pour accéder au sommet de Ćurevac sans passer par l'entrée payante.

Nous nous sommes arrêtés dans la forêt, au bord de la route, pour laisser la voiture et emprunter ce chemin à pied. Nous avions juste vérifié la distance et le temps estimé : 1,4km, 30 minutes - un jeu d'enfants ! Sauf que le chemin est plat pendant un kilomètre, et qu'il y a 80 mètres à monter sur les derniers 400 mètres (oui, c'est beaucoup). En arrivant tout en haut, en se demandant toujours si on était encore à l'heure pour le coucher de soleil - Nous pensions le rater : toujours vérifier l'heure de coucher du soleil avant ! La première chose qui frappe, c'est le soleil qui nous éblouit lorsque nous sommes assez hauts pour que la falaise que nous montions laisse lasser ses rayons. Puis ensuite, la falaise à-pic juste devant nous, à la fin du chemin.

Je ne pourrai pas dire à quelle hauteur nous nous trouvions, mais nous avions une vue extraordinaire tout autour de nous sur les différentes vallées et montagnes environnantes ; probablement même certaines appartenant à d'autres pays voisins. Un moment magique ! Nous avons un peu traîné une fois le soleil couché pour prendre des photos. Mais nous étions dans une zone montagneuse, donc assez fraiche : autant, la météo était clémente et la température agréable pendant la journée, autant le température a chuté une fois le soleil couché (ainsi que la luminosité !). Trois couches (tee-shirt, pull et veste) n'étaient pas de trop. Le chemin de retour était dans une tout autre ambiance qu'à l'aller : la descente dans l'obscurité naissante, puis le trajet jusqu'à la voiture dans la forêt presque noire était saisissants. C'est dans conteste la meilleure chose que j'ai pu voir dans les montagnes du Monténégro.

La partie supérieure de la falaise.

Rakija

Après cette dure journée, nous sommes rentrés à notre logement. En cherchant des ustensiles sous l'évier, nous avons trouvé une bouteille de whisky pleine... d'un liquide transparent, qui n'en était donc pas. Après investigation, il s'agissait d'une liqueur probablement maison, de prune : à l'odeur, du Rakija. Une amie serbe m'avait fait goûter en France : c'est extrêmement fort - entre 40° et 60°. Ce genre de boisson étant généralement distillé sous le manteau, c'est amusant d'en retrouver dans notre Airbnb :)

En tournant le dos au soleil, la vue depuis Ćurevac.

Demain, nous quittons les montagnes pour nous rapprocher de la Mer Adriatique, et visiter les Bouches du Kotor. Bonne nuit !

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